L’or blanc
dédiée à Ludo B.
Lydie aime la montagne et elle aime le ski. Depuis Lyon, on n’est pas loin de toutes les stations des Alpes, et peu à peu, elle les avait à peu près toutes « goûtées ». Ce qu’elle préférait, c’étaient les petits villages avec une ambiance familiale. Il y avait moins de pistes, mais aussi moins de monde. Comme elle avait une bonne situation, elle s’était équipée de chaussures et de skis et elle avait plusieurs tenues toutes plus jolies et pratiques que celles des autres, mais sans couleurs voyantes. Lydie n’aime pas se faire remarquer.
Ce matin, il neige. Elle se dirige dans sa petite voiture allemande vers un beau village-station de la Vanoise. Personne de sa tribu n’a pu l’accompagner. Peut être que la météo les a refroidis. Elle sourit de son mot d’esprit. Elle écoute sa musique à fond. Elle a déjà passé Albertville et n’est plus très loin.
Mais la neige tombe tellement que le jour ne se lève pas, ou plutôt, il ressemble à la nuit éclairée par la lune qu’elle a connue sur l’autoroute jusqu’à Chambéry. Bon, elle a réussi à mettre toute seule les chaînes aux roues avant. Tout va bien…
Seulement voilà, la neige tombe encore très serrée, elle ne voit vraiment pas bien la route. Voilà comment elle a manqué son virage.
Oh, elle n’est pas blessée, elle a glissé, non, la voiture a glissée dans le bas fossé, et s’est enfoncée dans un mur de neige. Zut ! Elle peste. Pas moyen d’ouvrir les portières. C’est bloqué par la masse de poudreuse. Ah, elle est servie en matière de neige fraiche ! Elle peste, mais ne s’affole pas encore. Calmement, sort son portable pour appeler quelqu’un. Mais qui ? Personne ne l’attend, et elle ne connait pas âme qui vive où elle va. Bon, elle compose le numéro de son meilleur ami à Lyon.
Et elle se glace ! La communication ne passe pas !!! Elle essaie le 18, numéro d’urgence des pompiers. Même résultat. Elle a un gros problème à présent. Sa gorge est plus serrée que la main du président à la foire agricole de Paris. Bien-sûr, le moteur ne tourne plus, étouffé sous la masse froide qui l’entoure. Donc le chauffage est arrêté aussi. Aïe ! Zut ! Flûte ! CROOOTTE !!! Bien-sûr, personne ne l’entend. Lydie est courageuse. Elle fait le point calmement.
Pas de bobo. La voiture n’est peut être pas endommagée, mais elle est seule, perdue en montagne, et il fait froid.
Soudain, elle pense à son sac. OUI !!! Elle a apporté une casse-croûte copieux pour la journée, avec un bon thermos de vin chaud. Ha ! Son moral remonte en flèche, elle va attendre calmement les secours. Mais elle ne réalise pas que les traces qu’elle a laissées, qui montreraient qu’elle est là, à 10 m de la route, eh bien ces traces sont déjà recouvertes par un épais matelas d’or blanc. Ironie, c’est justement ce qu’elle vient chercher ! Mais laissons-lui ses espoirs. Ca ne dure pas. Son sac est dans le coffre, elle se détache, et parvient au bout de longs efforts douloureux à soulever le hayon arrière. Ses doigts gourds à cause du froid ne font pas ce qu’elle veut. Lydie est intelligente et organisée. Elle prend un tournevis dans le vide-poche, et atteint enfin son but : le vin chaud. La voilà bien assise, emmitouflée dans sa couverture qu’elle a prise dans le coffre, avec sa tasse chaude. Elle essuie une larme de bonheur. Non seulement, elle a une très bonne recette, mais cette fois, elle a utilisé un excellent Bourgogne.
Elle se régale vraiment et en oublie le temps. A la deuxième tasse, elle a envie de chanter. A la troisième, elle a vraiment soif et se sert la quatrième, faut dire qu’elle l’a soigné celui-là : peu de cuisson pour conserver l’alcool, beaucoup de sucre pour augmenter les degrés, et tout ce qu’il faut : zeste d’orange, clous de girofle, muscade, et énormément de cannelle ! Ah ! C’est décidément un régal.
Seulement, elle n’a pas faim, préfère garder les sandwiches pour plus tard et s’endort pompette. C’est bien pour passer le temps quand on n’a rien à faire. Seulement voilà, l’alcool fait baisser la température du corps. Au début, on a l’impression de chaud car les vaisseaux sont dilatés, et le sang circule plus, mais l’effort pour assimiler l’alcool et le produit lui-même diminuent l’énergie calorifèrique du corps. Eh oui, désolé, les bons chiens St Bernard on achevé nombre de montagnards à moitiés gelés. Mais Lydie n’en est pas là.
Lydie sera sauvée, mais beaucoup plus tard, en fin de journée, quand le temps s’est levé, par le chien de promeneurs qui, bien heureusement, se promenaient par là. Elle aura même droit à un article dans le journal local. Mais elle n’aime plus autant le vin chaud qu’avant… avant sa pneumonie.
mercredi 26 mai 2010
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